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premier roman - Page 4

  • Bérénice 34-44 d'Isabelle Stibbe

    Bérénice 34-44

    de

    Bérénice Stibbe

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    "Elle ne racontera pas les regards entendus, les sourires de connivence. "Il n y a pas de hasard", "C'était forcé", autant de formules attrapées au vol des centaines de fois, inaugurant la légende familiale selon laquelle l'appel du théâtre, qui fondit sur elle à six ans et qui dès lors ne la quitta plus, surgit de son prénom: Bérénice."

    Depuis son plus jeune âge, Bérénice Kapelouchnik, dite Capel, est éblouie par le monde du théâtre. Elle rêve même d'embrasser la carrière de comédienne mais se heurte à la résistance de ses parents. Bravant leur interdit, elle passe le concours du Conservatoire à tout juste 15 ans. Reçue première, elle quitte le foyer familial pour vivre sa passion.

    Des cours de Louis Jouvet à la scène de la Comédie française, il n y a qu'un pas....Et Bérénice de Lignières (le nom qu'elle s'est choisie) semble rencontrer tous les succès...

    Mais l'Histoire va la rattraper...Et, en ces heures sombres d'Occupation, il faut bien savoir choisir son camp...

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    Ce premier roman, je l'avais remarqué sur le blog de ma copinaute Bianca. Aussi, quand il est arrivé à la médiathèque, j'ai eu très envie de m'y plonger.

    Dès les premières pages, j'ai été happée par l'intrigue.

    Avec beaucoup de talent, Isabelle Stibbe retrace le parcours fictif d'une jeune femme dans l'univers théâtral. On la suit ainsi de ses premières auditions à ces premiers cours, de ses premières figurations à ces premiers rôles....Cette ascension fulgurante, elle la doit non seulement à sa beauté, mais à son talent. Et à son amour hors normes pour la scène.

    "Écoute Comédie-française, fais que je sois engagée, tu es la seule, l'unique, pour toi je sacrifierai tout, jeunesse, famille, enfants, qu'importe si tu me permets d'accéder à toi, de faire partie des tiens."

    Une religion du théâtre qui sert de fil conducteur à toute l'action de cet ouvrage. Rencontres, choix personnels, engagement: tout dépend des dieux de la comédie et de la tragédie.

    On est forcément fascinés par ce jusqu'au boutisme, ce sacrifice perpétuel pour l'art, cet égoïsme aussi dans ses relations...

    Car Bérénice ne laisse pas indifférent ceux qui l'entourent. De son père Maurice Capel au poète/avocat Alain Béron, en passant par Nathan Adelman, le compositeur, tous se brûlent à la flamme de ce papillon incandescent.

    Sur sa trajectoire, notre héroïne croise également de grands noms tels que Louis Jouvet, Marie Bell, Véra Korène, Marc Allégret...

    L'occasion pour notre auteur de brosser un tableau du monde artistique de cette période charnière. Et de nous montrer l'évolution de la Comédie-française lors de l'Occupation.

    Car ce théâtre/refuge pour Bérénice peut se transformer en monstre. En effet, très vite, des questions se posent au sein de cette institution: faut-il accepter le diktat des Allemands, à savoir l'absence de Juifs dans les distributions? Doit-on renoncer à des grands noms pour ré-ouvrir?  Chacun doit faire ses choix.

    Amour de la scène, engagement de l'artiste, attentisme, résistance, politiques d'exclusion des Juifs constituent donc autant de thématiques de ce roman dense, foisonnant, passionnant, en trois actes.

    Trois actes où la tension dramatique ne cesse de monter...Grâce au déroulé de l'intrigue bien entendu mais grâce aussi au style d'Isabelle Stibbe. Elle se joue de son lecteur en annonçant parfois que Bérénice pourra raconter son histoire à ses enfants ou, au contraire, qu'elle ne pourra pas...Et le dénouement, forcément, surprend...

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai vraiment beaucoup aimé ce portrait de femme confrontée à la tourmente de la Seconde Guerre mondiale.

    Le Livre de Poche, 2014, 355 pages

     

     

     

  • Les Suprêmes d'Edward Kelsey Moore

    Les Suprêmes

    de

    Edward Kelsey Moore

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    "Je me réveillai en nage ce matin-là. J'avais dormi profondément, ma chemise de nuit me collait à la peau, le visage me picotait. Troisième fois cette semaine. 4h45 luisait au réveil posé sur la coiffeuse à l'autre bout de la chambre. J'entendais le ronronnement du climatiseur et sentais l'air me caresser les joues."

    Dans une petite ville de l'Indiana, trois quinquas afro-américaines se retrouvent tous les dimanches après la messe chez Big Earl, un restaurant du coin.

    Surnommées les "Suprêmes", Odette, Clarice et Barbara Jean sont amies depuis l'adolescence. Ainsi, elles ont traversé ensemble toutes les épreuves de la vie.

    Mais quand le cancer frappe l'une d'entre elles, vient le temps des remises en question..Et si elles changeaient le cours de leur existence?

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    Edward Kelsey Moore

    Avant de commencer ce blog, j'avais été enchantée par ma découverte de la Couleur des sentiments. Je me souviens avoir eu beaucoup de mal à laisser de côté cet ouvrage.

    Aussi, quand une de mes collègues m'a parlé des Suprêmes en me disant que c'était un roman dans la même lignée, je n'ai pas hésité.

    Dès les premières pages, on fait la connaissance de trois femmes. Trois voix qui s'entremêlent et interpellent tour à tour le lecteur.

    Vous savez comme j'apprécie la structure chorale dans un livre et j'ai trouvé qu'elle se justifiait totalement avec ce titre et permettait de mieux comprendre les ressorts de chacune des trois suprêmes.

    Odette, l'intrépide née dans un sycomore, celle qui n'a pas sa langue dans sa poche, celle qui défend ceux qu'elle aime à tout prix, celle qui a un cœur énorme...

    Clarice, celle qui a reçu la meilleure éducation, celle aussi qui a reproduit le schéma de sa mère en acceptant les infidélités de son époux adoré, celle qui veut toujours que ses amis soient tirés à quatre épingles et respectent les convenances, celle qui oublie en somme que parfois la vie dépasse les cadres fixés

    Barbara Jean, la "bombe", celle qui a toujours été élevée dans l'idée de faire un riche mariage, celle qui noie ses malaises dans l'alcool, celle qui dissimule les plus lourds secrets

    Ce qui lie ces trois personnages a priori si désaccordés, c'est une amitié profonde. De celle qu'on ne calcule pas et qui s'impose tout simplement à nous.

    D'année en année, comme nous le découvrons, elles ont toujours été là l'une pour l'autre. Chacune à sa manière. Parfois en silence.

    Les Suprêmes se révèlent donc un magnifique hymne à l'amitié. De celle qui dure. De celle qui peut tout affronter, même les pires noirceurs.

    De plus, cette œuvre offre une réflexion sur l'amour. Grâce aux idylles des trois héroïnes, toutes les facettes de ce sentiment sont évoquées. Aussi bien la passion que l'amour fidèle et durable.

    La problématique raciale est également abordée. Même si elle est moins prégnante que dans la Couleur des sentiments, on perçoit bien les affrontements interraciaux, les débordements possibles, la haine de certains et l'impossibilité pour un Blanc et une Noire de s'aimer.

    Un des autres atouts de ce livre réside dans son côté profondément humoristique. Même si l'auteur parle de choses graves qui nous touchent tous à un moment de notre vie (décès de proches, maladie...), il ne joue jamais la carte du pathos. Forcément, certaines pages nous remuent...Très vite, d'autres nous amusent. Ne serait-ce que celles où Odette nous parle de ses discussions avec le fantôme de sa mère et celui d'Eleanor Roosevelt, toujours ivre.

    Bref, vous l'aurez compris: j'ai vraiment beaucoup aimé cet ouvrage feel-good, je ne suis d'ailleurs pas passée loin du coup de cœur. J'espère d'ailleurs que vous vous assiérez bientôt autour d'une table avec les Suprêmes chez Big Earl.

    Actes Sud, 2014, 315 pages

    En bonus, je n'ai pas pu résister au plaisir de vous mettre un lien vers une chanson des Suprêmes.


     

     

     

  • Love letters to the dead de Ava Dellaira

    Love letters to the dead

    de

    Ava Dellaira

    love letters.jpg

    "Cher Kurt Cobain,

    Aujourd'hui, Mme Buster nous a donné notre premier devoir d'anglais: écrire une lettre à une personne décédée (comme si elle pouvait lui arriver au paradis, ou, mettons, à la poste des fantômes.) Son idée, c'est sans doute de nous faire écrire à un ancien président ou quelqu'un de ce style, mais moi, il me faut une personne à qui je puisse parler. Je ne pourrais pas parler à un président. A toi, si."

    Laurel vient d'entrer au lycée. Et un des premiers devoirs qu'elle reçoit de son professeur d'anglais consiste à écrire une lettre à un disparu.

    Elle choisit de s'adresser à Kurt Cobain. Parce que sa soeur May l'adorait et lui a fait découvrir. Parce que, comme elle, il est parti très jeune...

    Puis, de fil en aiguille, la liste de ses destinataires s'enrichit. Amy Winehouse, Heath Ledger, Amelia Earhart, John Keats...Autant de nouveaux interlocuteurs qui lui permettent d'exprimer ses joies, ses peines, ses doutes...

    Parce que Laurel a vécu bien des drames

    Parce qu'elle a perdu sa "fée"

    Parce que sa mère a fui

    Parce qu'elle dissimule en permanence tout ce qui bouillonne en elle

    Parce qu'elle est à l'âge des questionnements

    Parce que...

    ava dellaira.jpg

    J'avais remarqué ce livre en raison de son titre assez intriguant. Et le billet de ma collègue Plumosaure m'avait donné envie de m'y plonger.

    Je l'ai entamé mercredi et en deux soirées, je l'ai achevé...

    J'ai beaucoup aimé la construction narrative de ce roman épistolaire. Ava Dellaira s'éloigne des schémas traditionnels pour opter pour des destinataires morts.

    Mais jamais des destinataires sélectionnés par hasard. Au contraire, leur choix semble être l'écho des émotions de la jeune femme.

    Dès les premières pages, on sent bien que cette adolescente n'a pas eu un passé des plus faciles. Outre le décès de sa sœur (suicide? accident? ), elle semble abriter d'autres fêlures. Des fêlures qui vont se révéler au fil des chapitres...

    L'année de ses 15 ans, elle va tenter d'oublier.

    L'année de ses 15 ans, elle va faire la connaissance de Nathalie, Hannah et de Sky

    L'année de ses 15 ans, elle va connaître sa première histoire d'amour

    L'année de ses 15 ans, elle va apprendre à vivre sans sa "fée" et à se définir sans elle

    L'année de ses 15 ans...

    A ce portrait sensible et extrêmement touchant d'une jeune fille qui lutte pour ne pas sombrer, se greffe une analyse de l'âge adolescent. Un âge de construction, de définition de soi...

    Chacun des protagonistes qui gravite autour de Laurel au lycée tente de trouver ses propres réponses.

    J'ai beaucoup apprécié leurs interactions, leurs dialogues, leurs révoltes...Et ils m'ont semblé être les cousins éloignés de Charlie, Alaska...

    En effet, avec cette première œuvre, Ava Dellaira se place immédiatement dans la lignée d'un John Green ou d'un Stephen Chbosky (pour lequel elle a d'ailleurs travaillé).

    Elle a su créer des personnages qui sonnent vrai et qui restent longtemps en mémoire.

    Et que dire de son style? J'ai été tout simplement bluffée par la maturité dont elle fait preuve. Je vous laisse juge avec ces quelques extraits:

    "J'espère que l'un de vous m'entend. Car ce monde ressemble à un tunnel de silence. J'ai constaté que certains moments vous restent parfois en travers du corps. Ils sont là, logés sous la peau, telles des graines, d'émerveillement, de tristesse ou d'angoisse, et autour d'elles la croissance poursuit son cours."

    Ou:

    "Aujourd'hui, après avoir lu ton poème, j'ai songé à devenir écrivain à mon tour. Même si je ne pense pas pouvoir en écrire d'aussi beaux que les tiens, je me suis dit que je pourrais peut-être faire quelque chose de tous les sentiments qui sont en moi, même de ceux qui touchent à la tristesse, à la peur et à la colère. Il suffit peut-être de raconter les histoires, même les plus dramatiques, pour ne plus leur appartenir. Pour se les approprier. Et peut-être que grandir, c'est comprendre qu'on peut être autre chose qu'un personnage qui va là où l'histoire le pousse. C'est comprendre que cette histoire, on peut aussi en être l'auteur."

    Bref, vous l'aurez compris: Love Letters to the dead se révèle un roman extrêmement bien écrit et poignant. De ceux qui sont capables de nous faire passer du rire aux larmes. De ceux qui nous rappellent l'importance d'aimer les siens. De ceux qui, une fois refermés, nous accompagnent longtemps. Une ode à la vie que je ne peux, bien entendu, que vous conseiller.

    Michel Lafon, 2014, 318 pages

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